Le pays, longtemps associé à la fraise, mise désormais sur deux nouvelles vedettes : la framboise et la myrtille, dont la demande européenne ne cesse de croître.
Une nouvelle hiérarchie dans les exportations marocaines
Durant la campagne 2024–2025, le Maroc a exporté 64 400 tonnes de framboises, générant près de 487 millions de dollars américains, soit une hausse de près de 14 % par rapport à l’année précédente. Ce dynamisme propulse la framboise au rang de deuxième produit agricole d’exportation du pays, juste après la tomate. Le Royaume-Uni demeure le principal marché, absorbant plus de 30 % des volumes, suivi de l’Espagne, des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la France. Les myrtilles, quant à elles, confirment leur envol. Au cours de la saison 2023–2024, les exportations ont atteint 67 300 tonnes, en hausse de 25 %, plaçant le Maroc parmi les quatre premiers exportateurs mondiaux de fruits rouges.
Le déclin progressif de la fraise
À l’inverse, la fraise perd du terrain. Ses superficies sont passées d’environ 3 700 hectares en 2022 à 2 300 hectares en 2025. Les producteurs pointent des marges plus faibles, une concurrence accrue de l’Égypte et des risques climatiques élevés. Moins exigeantes en main-d’œuvre et plus régulières dans leurs rendements, la framboise et la myrtille s’imposent comme des alternatives plus sûres.
Une production répartie et étalée sur l’année
Grâce à un calendrier de récolte élargi (fraises de novembre à mars, framboises de septembre à juin et myrtilles d’octobre à juin), le Maroc parvient à fournir les marchés européens en dehors des périodes de production locale. Les régions du Loukkos et d’Agadir demeurent les principaux pôles de culture, mais la filière s’étend désormais à Dakhla, qui mise sur l’irrigation par désalinisation, et à la région de l’Atlas, où la production estivale prolonge la saison d’exportation.
Innovation et investissements à long terme
Pour répondre à la demande croissante, les producteurs investissent dans des serres modernes, des variétés améliorées et des pépinières de grande taille. Si la culture de la myrtille demande un investissement initial important, sa rentabilité durable séduit de plus en plus d’agriculteurs.
Des défis toujours présents
La filière n’échappe pas aux contraintes structurelles : rareté de l’eau, changements climatiques, hausse des coûts des intrants et pénurie de main-d’œuvre. À cela s’ajoute le renforcement des normes phytosanitaires européennes, qui alourdit les charges, tandis que l’inflation continue d’éroder les marges.
Malgré tout, le secteur poursuit sa modernisation : pépinières locales, systèmes d’irrigation performants et technologies innovantes se multiplient pour soutenir la compétitivité du Maroc. Sa proximité géographique avec l’Europe et sa main-d’œuvre qualifiée restent des atouts majeurs.
Une stratégie fondée sur la résilience et la diversification
La transition du Maroc, passant de la fraise vers la framboise et la myrtille, illustre une évolution réfléchie et durable. Cette réorientation repose sur trois piliers : la résilience face aux changements climatiques et économiques, la diversification géographique des bassins de production, et l’allongement des saisons de récolte. Autant de leviers qui confirment la volonté du Royaume de consolider sa place parmi les leaders mondiaux des fruits rouges.