Cette décision fait suite à une révision des politiques phytosanitaires et à une consultation menée auprès des acteurs de la filière.
Un virus mondialement présent, mais encore maîtrisable au Royaume-Uni
Le ToBRFV a été observé pour la première fois en Israël en 2014 avant de se propager à travers l’Asie, l’Afrique, l’Europe, les Amériques et l’Australie. Depuis son apparition au Royaume-Uni en 2019, 14 foyers ont été détectés, dont 9 ont été éradiqués. Des mesures de lutte sont encore en cours sur 5 sites. L’analyse conduite par le Defra a conclu que la réglementation actuelle devait rester en vigueur, avec la possibilité d’un nouvel examen si le virus venait à se répandre massivement, si les variétés résistantes devenaient dominantes, ou si les interceptions de semences infectées devenaient marginales.
Une approche différente de celle de l’Union européenne
Alors que l’Union européenne a décidé de reclassifier le ToBRFV en organisme nuisible réglementé non de quarantaine (RNQP) à partir de janvier 2025, la Grande-Bretagne conserve une approche plus stricte. Le Defra justifie ce choix par le fait que les foyers restent limités sur le territoire britannique et que l’éradication demeure possible. Lors de la consultation publique menée entre mars et juin 2025, quatre contributions ont été recueillies : la British Tomato Growers’ Association et la National Farmers’ Union ont soutenu le maintien du statut de quarantaine, rappelant que seulement 44 % des cultures commerciales de tomates au Royaume-Uni reposent sur des variétés résistantes. À l’inverse, Euroseeds et Rijk Zwaan se sont opposés à cette décision, invoquant les coûts pour les producteurs et semenciers, les difficultés d’éradication, et une divergence avec la réglementation européenne. Ces derniers ont également pointé les contraintes à l’importation, la sensibilité des tests sur les semences, ainsi que les retards aux frontières. Ils ont souligné que, jusqu’à présent, les foyers britanniques concernaient uniquement les cultures de tomates, et non celles de poivrons.
Maintien des contrôles et surveillance renforcée
En réponse, le Defra a rappelé que des cas d’infection sur poivrons ont été observés dans d’autres pays, notamment en Italie et au Mexique, ce qui justifie le maintien de la réglementation. Des exceptions continueront toutefois d’être accordées aux variétés résistantes, sous réserve que les importateurs fournissent les preuves nécessaires. Concernant le contrôle des semences, le ministère a réaffirmé que les inspections sur le terrain et les tests en laboratoire demeurent complémentaires et indispensables, car chacun peut ne pas détecter des infections latentes ou de faible niveau. En 2024, 18 interceptions de lots de semences de tomate et de poivron ont été signalées, incluant des détections du viroïde du tubercule filiforme de la pomme de terre. Le Defra reconnaît la charge administrative et financière pesant sur les semenciers, mais estime que le maintien des tests à l’importation est essentiel pour protéger la production nationale.Une évaluation future pourrait néanmoins déterminer si le contrôle systématique de 100 % des semences importées reste proportionné.
Une vigilance maintenue face à un risque phytosanitaire persistant
Le ministère réaffirme que la surveillance continue, les contrôles rigoureux à l’importation et l’éradication rapide des foyers détectés demeurent au cœur de la stratégie britannique pour contenir le ToBRFV. Cette approche, plus préventive que curative, vise à protéger durablement la filière horticole nationale, tout en maintenant un haut niveau de biosécurité sur le territoire.